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Les docteurs "à la portugaise"...

 

  Les docteurs à la portugaise

Au Portugal, du fait des mentalités parfois encore attardées, et de la volonté du maintien de cette distinction verbale de la part des intéressés, beaucoup de portugais se sentent flattés si on les appelle par leur titre.
 
Cet aspect y est très marquant. Les Portugais sont en général il est vrai, d'une nature polie et courtoise. Mais le fait qu'un portugais qui possède un diplôme supérieur tienne à ce qu'on l'appelle Monsieur le Docteur (Senhor Doutor), ne tient pas de la courtoisie, mais du besoin superficiel de distinction.
 
Le bout de vos pieds à frétillé avec l'enseignement supérieur ? Alors, vous êtes docteur.
 
Ceux qui ont obtenu un doctorat à l'université, souhaitent cependant que sur les correspondances, figure le titre de "Doutor" en toutes lettres, afin de se distinguer des autres, qui n'ont droit qu'à un "Dr".
 
Dans l'enseignement secondaire, les profs se font appeler "Setor", qui est une contraction de "Senhor Doutor" (Monsieur le Docteur). C'est curieux, rigoureusement exact ! :-)
 
Les ingénieurs, instituteurs, et autres architectes, se font quant à eux, appeler par le titre de leur profession. Rarement on les appellera "Monsieur".
 
Ceci est autant constaté dans le langage verbal, que dans les écrits. La presse se complaît d'ailleurs à maintenir ce rituel d'actualité. Rarement un article de presse ou une interview, fera référence à personne notoire ou pas, sans le fameux titre "Docteur" ou "Dr". En y prêtant attention, on peut lire ou entendre prononcer ce titre partout, à tout va...
 
Ceux qui entretiennent cette coutume contribuent autant à son enracinement que les concernés eux-mêmes. A chaque fois que le titre est ainsi mentionné, le Portugal recule d'un pas.
 
Pourquoi étale-t-on ainsi pompeusement son niveau d'études ? On aurait aussi bien pu faire allusion à ses goûts littéraires, à son équipe de foot préférée, à la taille de son sexe, à son niveau en Anglais, à la pointure de ses chaussures, à son niveau au tenis, voir même, pourquoi pas à ses compétences.
Mais ce n'est pas le cas. Le niveau d'études (et social) prime, et se doit d'être étalé.
 
On établi ainsi une distinction, entre "ceux qui en sont", et ceux "qui n'en sont pas", générant d'emblée un "fossé" entre deux personnes.
 
C'est assez drôle, voir risible, de voir que dans un pays se voulant maintenant à priori moderne, des coutumes de ce genre, établissant délibérément et d'emblée, des distinctions entre les individus selon leur niveau d'études, puissent encore exister.

  Paradoxe

Il est d'ailleurs paradoxal de constater que dans un pays où l'on entend le mot "docteur" autant prononcé ou écrit, le système de santé soit loin d'être à la hauteur !
 
Si au 21è siècle, dans un pays européen, cette volonté d'un autre âge est maintenue, cela est bien évidemment du au désir des protagonistes, qui tentent de maintenir ainsi cette habitude ancrée dans les moeurs.
 
Serais-ce pour exhiber leurs qualités humaines ou professionnelles réelles, (qui ne sautent pourtant pas aux yeux avec un titre), ou pour étaler pompeusement leur niveau d'études et leur rang social, en essayant de rehausser l'importance qu'ils n'ont pas forcément ?
 
Beaucoup de ceux qui tiennent à se faire appeler "Docteur" (y compris dans leur vie courante), arborent ainsi dèrriere un titre pompeux, un air sérieux souvent inversement proportionnel à leur réelles compétences, rendant ainsi véritable la citation de Montesquieu "La gravité est le bouclier des sots".
 
Dire qu'au 16e siècle, Montaigne disait déjà à peu de chose près que :
"sur le plus grand trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul ! " :-)
 
Beaucoup de ces "Docteurs à la portugaise", se sont souvent miraculeusement ou de façon opportuniste retrouvés à des postes-clés dans la politique, les affaires, à la tête d'institutions ou d'entités les plus diverses. Parfois, malgré leurs compétences plus que douteuses ou leur innéficaité flagrante, ils s'accrochent avec force à leur poste, uniquement maintenus grâce à leurs réseau relationnel de "docteurs à la portugaise" et... à leur titre.
 
Ceci empêche le Portugal de progresser, et le pays a encore beaucoup de progrès à faire pour accéder aux marches qui engendreront la vraie modernité, celle de l'ouverture des mentalités.
 

  Contribuer à ce que cela cesse

Espérons que Portugalmania "l'Agitateur du Portugal" avec des articles comme celui-ci lus par des centaines de milliers de personnes francophones s'intéressant chaque année au Portugal, ainsi que par des dizaines de milliers de Lusodescendants de culture française, puisse, en mettant "les pieds dans le plat", contribuer à générer une prise de conscience, à faire reculer les habitudes d'un autre âge, et à faire vaciller les volontés tenaces des "Docteurs à la portugaise", et de ceux qui désirent continuer à tirer le Portugal vers l'arrière.
 
Le but de ce commentaire n'est bien sûr pas d'établir une simple critique facile et stérile basée sur un constat réel, mais au contraire, de contribuer activement à faire en sorte que les mentalités évoluent, et qu'elles ne soient plus un frein. Le Portugal doit avancer, à son rythme, mais dans le bon sens.
 

  Le mieux est d'en rire...

Désormais, quand vous verrez sur un article, ou entendrez par exemple un journaliste interviewer une personnalité quelconque en évoquant son titre de "Docteur"... Pensez à Portugalmania, et surtout ne vous apitoyez pas... Riez-en plutôt de bon coeur.

Dr. Mario Pontifice  ;-)

Portugalmania - L'agitateur du Portugal - mars 2002


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