L'avortement
en question au Portugal
La campagne sur la dépénalisation de l'avortement s'est ouverte
au Portugal.
Elle sera finalisée
par un référendum qui aura lieu le 11 février. Divers mouvements
de citoyens (pour le oui ou le non) se sont
formés et dix partis politiques participent activement
à
la campagne.
Il s'agira de voter Oui ou Non à la dépénalisation
d'interruption volontaire de grossesse jusqu'à la dixième semaine.
La
question est claire
La question posée aux portugais sera de savoir si "oui"
ou "non" : "ils
souhaitent que
l'avortement réalisé avec le consentement de la femme dans les 10 premières semaines de grossesse,
et effectué dans un établissement de santé
légalement autorisé", cesse d'être considéré
par la loi portugaise comme un crime."
Il n'est donc pas ici question
de juger le principe moral de l'avortement,
mais de savoir si on veut ou pas cesser de poursuivre
et condamner les femmes ayant recours à l'IVG
en les considérant comme des assassins.
Un constat...
20
mille avortements clandestins par an ont lieu en moyenne
au Portugal.
Ces avortements souvent pratiqués dans
des conditions sanitaires indignes et inhumaines, conduisent
5 mille femmes chaque année à être hospitalisées en urgence,
avec les conséquences, les
traumatismes physiques et psychologiques qui
en découlent.
Depuis
des décennies, et que la loi le permette
ou pas, on ne peut que se rendre à l'évidence
: les avortements ont lieu de toute
façon. Il s'agit donc désormais pour
les portugais de savoir s'ils veulent ou pas
en finir avec les avortements clandestins et
les drames qu'ils engendrent, venant souvent
s'ajouter aux conséquences psychologiques découlant de l'acte
lui-même.
Le Portugal possède une des
législations les plus restrictives d'Europe sur l'avortement, à l'image de la
Pologne et de l'Iralnde, rares pays
de l'UE où la pénalisation en la matière
est encore effective. Ainsi en France, la dépénalisation
de l'IVG a eu lieu il y a une trentaine d'années.
Au Portugal par contre, sauf
cas extrêmes, l'avortement est donc actuellement
considéré comme
un crime. Les femmes qui avortent ouvertement
sont donc jugées. Depuis le dernier référendum
ayant donné la victoire à la pénalisation, 200
femmes portugaises ont ainsi été jugées.
Le
Portugal : la honte de l'Europe ?
Récemment, une dizaine
de députés européens critiquaient le Portugal
(et par répercussion les portugais), en qualifiant
de honteux l'attardement existant au Portugal
sur le plan de la législation sur l'IVG.
Ils ont évoqué le
fait que la dignité de la femme est sur ce plan
préservée dans 24 des 27 pays de l'UE, et qu'il
est aberrant que le Portugal soit un pays où l'on condamne encore les femmes
ayant opté pour l'IVG.
Peut-on continuer
à les considérer comme des assassins ? La législation
peut-elle "s'offrir le droit" de les
humilier et de leur faire endurer les souffrances
qui résultent de la pénalisation de l'IVG ?
Peut-on persister à favoriser les seules femmes
ayant les moyens financiers de se rendre à l'étranger
pour effectuer une IVG ?
En
résumé
A l'occasion de ce
référendum il ne sera donc pas question
pour les portugais de juger le principe de
l'avortement en exprimant leur conviction
intime sur le sujet. Cet aspect des choses
semble d'ailleurs être oublié dans les débats
se déroulant au Portugal.
Il s'agira en fait clairement
de
décider ou pas, s'il faut cesser de juger
en tant qu'assassins et de condamner des femmes
qui avortent, comme on les condamnait jadis
au bûcher pour des actions ne rentrant pas dans
la pensée unique et conventionnelle de l'époque
où elles vivaient.
Les femmes portugaises,
au même titre que leurs consoeurs européennes,
vont-elles enfin acquérir la vraie liberté de
leur corps sans être humiliées et condamnées...
ou le Portugal demeurera-t-il au moyen-âge des
mentalités ?
Réponse le 11 février
2007.
NB. Le
sujet a
déjà été abordé dans un flash. NB. Les portugais au rabais
ne participeront pas au référendum.
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